Soigner le bégaiement : patience avant tout

Publié le dimanche 30 mars 2014 à 10:34

Se manifestant par la répétition des sons et le prolongement des syllabes, le bégaiement plus qu’un handicap physique, constitue une véritable barrière à la communication se muant ainsi en handicap social. Commençant généralement dans l’enfance entre 3 et 7 ans, il peut disparaître spontanément dans 80% des cas à l’âge de l’adolescence. Pour les adultes, il est en général le résultat d’un accident ou d’une rupture psychologique. Trois victimes sur quatre sont des hommes. L’attitude réservée frisant parfois la froideur des bègues n’est en fait que la manifestation de la gêne extrême qu’ils éprouvent. Craignant la raillerie dont ils pourraient faire l’objet quand ils leur arrivent de prendre la parole, ils préfèrent carrément s’abstenir. En fait, cette attitude ne fait qu’aggraver leur cas car cette incapacité de s’exprimer comme il convient de le faire accroître encore plus leur sentiment de frustration.

Si des événements perturbateurs tels que la naissance d'un petit frère ou d'une petite sœur, un déménagement, une atmosphère familiale tendue ou encore des devoirs de maison trop surchargés peuvent être à l'origine du bégaiement chez l'enfant, un traumatisme ou un décès survenu parmi les proches pourrait en être la cause chez un adulte.

Mais quelle qu'en soit la cause, ce handicap très souvent pris à la légère se doit d'être reconsidéré avec beaucoup plus d'attention. Le côté physique mis à part, l'aspect social qu'il présente mérite une nouvelle approche. En effet, l'handicap du bègue ne se manifeste que face à un interlocuteur.

Qu'il fasse une lecture à haute voix ou qu'il chante, le problème n'est nullement perceptible. C'est uniquement quand il lui faut s'adresser à quelqu'un que le bégaiement intervient. C'est d'autant plus frustrant pour lui quand ce télescopage des mots s'accompagne de spasmes respiratoires, de mouvements non contrôlés du visage et même du corps entier, le noyant littéralement dans des sentiments de honte, de culpabilité et d'embarras.

Le bégaiement, causes et traitement

Le bégaiement peut être classé en trois catégories. D'abord, il y a le bégaiement classique caractérisé par la répétition saccadée des syllabes, puis nous avons le bégaiement intermittent pouvant disparaître lors d'un chant, d'une lecture ou d'une récitation. Enfin, il y a le bégaiement tonique qui se manifeste par l'impossibilité durant un laps de temps de prononcer certains mots. Les causes du bégaiement sont quelque peu obscures.

Des troubles physiologiques faisant suite à des problèmes neuromusculaires sont parfois évoqués. On parle également de causes psychologiques provoquées notamment par l'angoisse ou par une hyperémotivité. Une cause génétique est même soulevée.

En réalité, le bégaiement ou trouble du langage n'est qu'un effet. Ses causes sont profondément enracinées dans les personnes qui en souffrent. Aussi, le rôle qui incombe au thérapeute est de soigner ce trouble à partir des causes. Avant de suivre une quelconque thérapie, ceux qui sont sujets à ce trouble doivent avoir à l'esprit que le bégaiement ne peut pas être éliminé du jour au lendemain. Il leur faudrait ainsi se méfier de toute méthode qui prétend guérir le bégaiement en très peu de temps. Ils doivent aussi savoir que seule une approche globale peut assurer l'efficience de la thérapie.

Parmi les types de traitement du bégaiement, il y a avant tout l'auto-thérapie. L'intéressé va ainsi traiter lui-même son bégaiement. Pour ce faire, il lui est vivement recommandé de faire l'acquisition du manuel « Thérapie Globale du Bégaiement » de Phillip J. Roberts, comportant 30 exercices à travers lesquels le bègue améliorera petit à petit son locution.

Il y a l'usage d'appareils électroniques d'amélioration de l'élocution. L'appareil enregistre la voix à l'aide d'un micro et la renvoie dans des écouteurs après l'avoir modifiée en fréquence.

Le recours à l'orthophoniste qui utilisera logiquement une approche globale dans sa thérapie. Enfin, le bègue pourrait adhérer à un centre spécialisé où de nombreux stages intensifs l'aideraient à améliorer son élocution.

Comment apporter son aide à un bègue

Beaucoup de bègues aimeraient parler de leur trouble, mais la plupart du temps ils n'osent pas le faire. Aussi, dans la mesure de vos moyens, apportez-leur votre soutien. S'il s'agit d'un enfant, n'hésitez pas à lui faire comprendre qu'il n'est pas le seul à souffrir de ce trouble et ce, afin de le rassurer.

Encouragez-le quand il arrive à réaliser un échange verbal particulièrement fluide. Aidez-le à se soustraire de toute tension susceptible de provoquer son trouble. Vous devez lui épargner toute remarque ou reproche acerbe. Ne vous montrez jamais indifférent mais évitez également de dramatiser sa situation. Quand vous lui parlez, faites-le lentement et très naturellement. Une trop grande compassion le vexerait.

Enfin si vous devez lui poser une question, formulez-la de façon fermée. Au lieu de demander par exemple ce qu'il a fait aujourd'hui, ce qui va lui imposer une longue réponse explicative, posez-lui une question du genre « Tu as passé une bonne journée ? » à laquelle il pourrait répondre par un « oui » ou par un « non ».

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