L'épisiotomie, les questions fréquentes

Publié le mercredi 28 avril 2010 à 09:29

C'est en 1742 que l'épisiotomie fut pratiquée en Irlande pour la première fois, afin de faciliter un accouchement long et difficile. Pourtant, la grande majorité des obstétriciens ont désormais recours à cet acte chirurgical bénin lors de la plupart des accouchements par voie basse. Aujourd'hui, les futures mamans doivent donc faire face à cette éventualité sans qu'elles sachent réellement à quoi s'en tenir.

Par définition, l'épisiotomie est un acte chirurgical qui consiste à inciser le périnée en partant de la vulve afin de prévenir d'éventuelles déchirures et de faciliter la sortie du foetus. Depuis le 18e siècle, les obstétriciens pensent donc que l'épisiotomie est indispensable chez les femmes de par les risques accrus de déchirure auxquelles elles sont très souvent exposées. Autrefois considérée comme obligatoire, cet acte chirurgical est pourtant de plus en plus délaissé, car il a récemment été prouvé qu'il n'était pas plus difficile de réparer une déchirure du périnée qu'une épisiotomie. Si on a longtemps cru qu'elle aidait à prévenir l'incontinence fécale ou urinaire chez la mère et à réduire les risques de traumatismes ou de troubles neurologiques graves chez le nouveau-né suite à un accouchement long et pénible, on sait aujourd'hui que tel n'est pas toujours le cas. En effet, il a été démontré à de nombreuses reprises que même sans intervention médicale, les nouveau-nés ne souffraient pas toujours de trauma crânien après un travail plus ou moins long et que les nouvelles mamans n'étaient pas plus exposées aux infections, à l'incontinence ou aux douleurs postnatales. Pourtant, même si le choix des obstétriciens n'est pas toujours justifié, il existe bel et bien des cas qui nécessitent l'épisiotomie si on ne veut pas mettre en péril la santé de la mère ou celle de son bébé. Face à tant de données pas toujours simples à interpréter, beaucoup de futures mamans s'interrogent avant leur accouchement et se demandent en conséquence à quoi elles doivent réellement s'attendre. Pour se faire une meilleure idée de la question, il convient donc de prendre différents facteurs en considération afin d'être mieux préparé à toute éventualité.

En quoi consiste l'épisiotomie et dans quels cas est-elle préconisée ?

On distingue en fait deux types d'épisiotomie : la médiane et la médio latérale. L'épisiotomie médiane consiste à inciser de la commissure postérieure de la vulve vers le rectum tandis que l'épisiotomie médio latérale consiste à inciser de manière à éviter le rectum en déviant l'incision vers la gauche ou la droite afin d'obtenir un angle de 45 degrés. Ce type d'épisiotomie est en général privilégié par les obstétriciens étant donné qu'elle permet de réduire considérablement les risques de déchirure au niveau du sphincter anal. En revanche, l'épisiotomie médiane offre quant à elle une ouverture plus large tout en diminuant les risques d'hémorragie, d'infection et de douleurs postnatales. Elle a également tendance à cicatriser beaucoup plus vite et, de manière générale, elle est plus facile à réparer. Si la future mère est trop fatiguée pour continuer à pousser ou si d'autres circonstances l'y obligent, l'obstétricien peut choisir d'avoir recours à une épisiotomie lors d'un accouchement par voie basse. Pour ne pas occasionner plus de gêne, le médecin attend donc une contraction afin d'administrer à la patiente une injection destinée à anesthésier toute la région du périnée. C'est lors de la prochaine contraction qu'il procédera à l'incision et utilisera si nécessaire les forceps ou la ventouse pour faciliter la délivrance. Après la naissance du nouveau-né et l'expulsion du placenta, l'obstétricien s'attèlera alors à réparer l'épisiotomie effectuée en recousant le périnée lui-même ainsi que la paroi vaginale, utilisant le plus souvent un fil résorbable qui disparaîtra après quinze jours. L'épisiotomie est réellement justifiée en cas d'accouchement prématuré afin de protéger la tête encore fragile du bébé, en cas de péridurale si la mère n'est pas en mesure de pousser suffisamment lors des contractions, en cas de dystocie due à la présentation (notamment lorsqu'une des épaules du bébé reste coincée dans le passage), en cas de délivrance par forceps ou ventouse ou si le bébé est trop gros (surtout lorsqu'il s'agit d'un premier accouchement). Toutefois, il est à noter que plusieurs accouchements présentant ces diverses particularités ont souvent pu être effectués de la manière la plus naturelle qui soit, sans que l'obstétricien n'ait eu besoin d'avoir recours à l'épisiotomie et surtout sans que la santé de la mère ou du bébé n'ait été mise à risque.

L'épisiotomie est-elle douloureuse ?

Avant de procéder à l'incision, l'obstétricien attend toujours la prochaine contraction afin d'administrer l'anesthésie locale à sa patiente. En effet, lors de la contraction, la pression exercée par la tête du bébé contribue largement à engourdir de manière naturelle toute la région du périnée, de sorte qu'aucune douleur supplémentaire n'est ressentie lors de l'injection. Au moment de recoudre, la région du périnée est en général toujours sous l'effet de l'anesthésie, mais si jamais vous commencez à avoir mal pendant la suture, le médecin pourra envisager de vous administrer une nouvelle dose d'anesthésie afin que vous ne ressentiez plus rien jusqu'à ce que tout soit terminé. Quelques heures plus tard, il est tout à fait normal d'éprouver de la douleur ainsi qu'une certaine gêne et ceci plus particulièrement lors des mouvements. De même, les patientes venant de subir une épisiotomie éprouvent la plupart du temps certaines difficultés à s'asseoir, se lever et marcher, car la plaie est à ce stade toujours vive et douloureuse. Comme toute cicatrice, l'épisiotomie prend quelque temps à se résorber et la douleur reste assez intense pendant les quatre ou cinq premiers jours. Des anti-inflammatoires ainsi que des analgésiques sont bien entendu prescrits afin de minimiser toute sensation inconfortable, mais il existe aussi des crèmes anesthésiantes que vous pourrez utiliser sous avis médical. Afin de réduire l'inflammation, certaines femmes appliquent des compresses glacées sur la région douloureuse pendant les premières vingt-quatre heures alors que d'autres effectuent des bains de siège tièdes pendant une vingtaine de minutes trois fois par jour. Ces techniques peuvent parfois s'avérer fort efficaces, mais quoi qu'il en soit, il faut toujours veiller à ne pas rester trop longtemps debout ou assise afin de ne pas irriter la plaie outre mesure. Il existe également des coussins qui permettent aux femmes de se sentir plus à l'aise lorsqu'elles s'asseyent, mais pour un confort optimal, l'idéal est de rester allongé sur le côté pour réduire au maximum la pression exercée sur la cicatrice. De plus, il vaut mieux éviter les vêtements et sous-vêtements trop serrés qui ne feraient qu'irriter la plaie et accentuer la douleur. Si l'épisiotomie a été mal recousue, la reprise des rapports sexuels peut en outre s'avérer assez douloureuse, un symptôme qui est communément appelé « dyspareunie » dans le jargon médical.

Que faire après une épisiotomie ?

Après une épisiotomie, il est important de maintenir une bonne hygiène afin de minimiser les risques d'infections éventuelles. Pendant les dix premiers jours correspondant à la phase de cicatrisation, il faut veiller à changer de serviettes hygiéniques toutes les quatre heures de temps, surtout si la perte de sang est assez conséquente. Lorsque vous vous essuyez, il convient en outre d'aller du vagin vers le rectum pour éviter toute propagation de germes ou bactéries. Pendant que vous urinez, vous pouvez verser de l'eau tiède sur la plaie afin de réduire la sensation de brûlure, mais dans tous les cas, il est impératif de bien se laver après chaque passage aux toilettes, car seule une bonne hygiène préviendra l'apparition d'une infection future. Il est d'ailleurs souvent recommandé d'avoir recours à une solution antiseptique qui permettra de mieux désinfecter la plaie et de bien se sécher pour que la région concernée ne reste pas humide. Néanmoins, il ne faut pas non plus dessécher la plaie par des soins trop agressifs, car cela ne conduit la plupart du temps qu'à ralentir le processus de cicatrisation. En cas d'épisiotomie médiane, il convient pendant les premiers jours de ne pas faire de mouvements trop brusques afin d'éviter toute déchirure du sphincter anal. La reprise des rapports sexuels peut se faire dès que les sensations douloureuses disparaissent sensiblement, mais il est primordial de n'endommager sous aucun prétexte la suture, car il faudrait alors recommencer le long processus une nouvelle fois. Après l'épisiotomie, il est aussi recommandé d'avoir recours aux exercices de Kegel de manière régulière afin de rétablir plus vite la circulation sanguine dans la région du périnée, d'accélérer le processus de cicatrisation et d'améliorer le tonus musculaire.

Existe-t-il des solutions qui permettent d'échapper à l'épisiotomie ?

Avant l'accouchement, il est essentiel de s'entretenir avec son gynécologue-obstétricien de manière à ce qu'aucun doute ne subsiste. De nombreuses femmes choisissent aujourd'hui de faire un plan de naissance, ce qui leur donne la possibilité d'exprimer leur réticence face à une épisiotomie qui ne serait pas forcément justifiée. En outre, les femmes enceintes privilégient de plus en plus les exercices de Kegel ainsi que le massage périnéal tout au long du dernier trimestre de la grossesse, car ces techniques aident dans certaines circonstances à diminuer les risques d'épisiotomie. Lorsque le travail commence, il est possible d'appliquer des compresses d'eau chaude sur la zone périnéale ou de procéder à des massages qui réduiront la sensation de pression contre le périnée. Comme il a récemment été démontré que la position traditionnelle des pieds dans les étriers n'aidait pas toujours à faciliter la délivrance, il est parfois mieux d'opter pour une position différente (assise ou accroupie) qui pourrait permettre d'éviter l'épisiotomie. La respiration joue également un rôle clé puisque lorsqu'on pousse en expirant, le muscle du périnée a tendance à s'étirer plus facilement, ce qui minimise bien entendu les possibilités de déchirure ou d'incision. Cependant, la décision finale devra être prise pendant la phase de délivrance seulement, en prenant soin de ne négliger aucun facteur. Ce qui importe avant tout, c'est que le bébé et sa mère soient tous deux en bonne santé. Alors, si le médecin juge qu'il est indispensable de procéder à une épisiotomie à cause de circonstances défavorables, il est vivement conseillé de se rallier à son avis d'expert. En prenant toutes les précautions nécessaires, l'épisiotomie n'est guère plus pénible à supporter que n'importe quelle petite intervention chirurgicale et l'arrivée du nouveau-né tant attendu parvient toujours à estomper les petits désagréments occasionnés.

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